Pedernales Mw 7.8 - 16 avril 2016
 

1/ Mieux comprendre les phénomènes qui contrôlent les aléas telluriques

Le programme du LMI SVAN2 (Séismes et Volcans dans les Andes du Nord) s’inscrit dans la prolongation des recherches et activités de formation à long termes initiés dès les années 1990 et renforcées dans le cadre de SVAN1. En premier lieu, il s’agit de réaliser l’ensemble de la recherche nécessaire pour mieux appréhender les aléas sismiques et volcaniques dans les Andes du Nord. La première phase 2012-2016 du LMI a permis de répondre à plusieurs questions de premier ordre comme par exemple la connaissance des zones à plus fort potentiel sismique le long de la subduction et à terre, ou l’évolution spatio-temporelle de la partie sud de l’arc volcanique. Désormais, notre ambition est de réaliser l’intégration des connaissances dans un grand modèle d’aléa, tant en sismologie qu’en volcanologie.

Pour le volet sismologie cette prospective est largement basée sur le projet REMAKE “Seismic Risk in Ecuador : Mitigation, Anticipation and Knowledge of Earthquakes” (PI P. Charvis, Geoazur) financé par l’Agence Nationale de la Recherche ANR à hauteur de 500 k€ pour la période 2016-2020. En plus de cette ANR, la nécessité de prolonger le LMI SVAN est motivée par les enseignements qui peuvent être obtenus suite au grand séisme Mw 7,8 de Pedernales (16 avril 2016). En effet, par la sismicité qu’il induit, et par la déformation post-sismique associée, ce séisme ouvre une fenêtre d’observation particulièrement intéressante pour plusieurs années. Les soutiens de l’IRD et du CNRS ont permis de développer une observation dense dans les semaines qui ont suivi le séisme. L’analyse de ces données, leur interprétation en termes de fonctionnement du cycle sismique et les implications en termes d’aléa futur seront au coeur de la recherche du LMI SVAN2.

         

 

 

Rupture Pedernales

Fig. Progression de la rupture lors du séisme de Pedernales toutes les 6 sec (d’après Nocquet et al., 2016). L’échelle de couleur représente le glissement sur la faille en mètres. On voit qu’il y a deux zones avec un plus fort glissement (rouge). Celle qui est située plus au sud correspond à un glissement de 6 mètres sur la faille, elle est située à l’aplomb de la zone la plus affectée par le séisme.

Cotopaxi500x700 Cotopaxi, Equateur, Andes

      De la même façon, le programme de volcanologie prévoit d’approfondir plusieurs questions liées à la densité des volcans dans l’arc et au magmatisme associé, aux comportements éruptifs (récurrence, taille et type des éruptions), aux structures et écoulements volcaniques et au suivi des crises. Des recherches avec les sciences sociales et humaines seront également programmées concernant l’impact des éruptions sur les populations et les leviers à utiliser pour favoriser leurs résiliences. La diversité des sous-thématiques abordées en volcanologie se prête mieux à une programmatique par projets distincts mettant en synergie les partenaires focalisés sur certaines réalisations spécifiques. Par exemple, nous venons de soumettre un nouveau projet INSU aléas pour le thème V1 sur la géochronologie du volcanisme dans le Nord de l’arc. Les études en pétrologie et géochimie seront déployées dans le cadre de certains projets du Labex ClerVolc (e.g. axes 3 et 5). De même des recherches sur la rhéologie des nuées ardentes pourront être mutualisées avec l’ANR RAVEX (2016-2020) conduite en Martinique. Les ressources du programme VIMESEA (Volcanism and its impact on environment and society: combined forces from Europe and Andean countries, financé par le programme ERANET-Lac du 7eme PRCD Europe et géré par l’IRD et la Conicyt, Chili, PI O. Roche) seront également utilisées pour promouvoir certaines actions d’échanges et de formation entre les pays andins ou entre les Andes et l’Europe.
2/ Programmer des projets innovants géosciences - sciences humaines pour le développement

Parallèlement, notre programme vise à co-construire des projets à l’interface entre les géosciences et les sciences humaines et sociales, afin de mieux transférer les résultats de nos recherches vers les sociétés andines. Pour le volet sismologie, il s’agit de développer des initiatives locales sur Quito et Ambato, deux grandes villes fortement soumises à l’aléa sismique, visant au transfert de connaissance et la mise en place d’intégration du risque sismique dans les politiques publiques. Ces initiatives s’appuient sur une demande et des actions engagées par notre partenaire l'IG-EPN et la participation de nouveaux collègues spécialistes dans ces disciplines à nos projets de recherche en Equateur. Après des initiatives pilotes innovantes durant SVAN1, nous proposons également un axe de recherche autonome (axe V5) centré sur les relations volcans-sociétés, en combinant l’expertise volcanologique à l’analyse des impacts socio-économiques de l’activité volcanique en Equateur et dans les Andes du Nord. Il s’agit ici d’obtenir des livrables destinés à éclairer la gestion à court et long termes des menaces volcaniques. Enfin, notre plan de travail des volcans actifs dans les Andes du Nord est d’apporter une expertise lors des situations de crises. En effet, les volcans actifs des Andes du Nord sont des laboratoires incomparables pour approfondir la compréhension des systèmes éruptifs, pour développer et tester de nouvelles méthodes et technologies novatrices, et pour appréhender in situ des relations entre les volcans, les autorités, et les populations.

3/ Mettre en place une école doctorale à l’EPN

Au-delà des aspects strictement scientifiques susmentionnés le projet SVAN2 compte s’impliquer dans la mise en place d’une école doctorale. A la suite de notre partenariat depuis les années 1990, de nombreux étudiants sont revenus en poste à l’EPN avec un doctorat. Plusieurs étudiants supplémentaires (M. Segovia, S. Vaca, M.J. Hernandez) devraient prochainement rejoindre l’EPN à l’issue de leur thèse. L’EPN aura donc la « masse critique » de docteurs pour développer une nouvelle offre de formation en mastère et pour concevoir son propre programme de doctorat en Science de la Terre. Une des perspectives de SVAN2 est d’accompagner cette démarche.

         

 

 

 


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4/ Renforcer les équipes Nord et Sud et favoriser les coopérations inter-régionales (Andes du Nord)

Cette phase SVAN2 du quadriennal correspond aussi à l’arrivée de nouveaux chercheurs dans le LMI qui permet de développer de nouveaux axes de recherche directement liés aux problématiques des aléas sismiques et volcaniques. C’est le cas par exemple pour l’analyse des soulèvements des terrasses marines provoqués par le processus de subduction (M. Saillard, CR IRD, Geoazur), de l’étude des paléoséismes de subduction (G. Ratzov, MdC, A. Sladen, CR CNRS, S. Migeon, PR, Geoazur). Ces recherches seront aussi l’opportunité pour renforcer certains partenariats avec des instituts comme l’INOCAR, ESPOL. C’est aussi le cas avec l’ouverture vers les sciences humaines et sociales (J. Rebotier, CR CNRS, Université Pau) dans le cadre de l’ANR REMAKE, ou le CERDI de Clermont-Ferrand pour l’analyse de l’impact économique des éruptions dans le cadre du Labex ClerVolc.

     
Au-delà de la diversification thématique susmentionnée, dont l’unique objectif est de mieux analyser les aléas telluriques et les vulnérabilités associées, le programme du LMI SVAN2 comprend aussi la promotion des interactions Sud-Sud et triangulaires par le biais d’échanges, d’actions de formation (e.g. écoles d’été), et de soutiens mutuels, notamment en contexte de crises sismiques ou volcaniques. Fort de ses réseaux et de ses compétences multiples, le LMI SVAN2 sera à terme en mesure d’appréhender la question des aléas telluriques avec un très haut niveau d’expertise, et contribuera à conforter notre partenaire équatorien comme le centre de référence sur les risques sismiques et volcaniques à l’échelle des Andes et de l’Amérique Latine.