Sur ces 50 dernières années, les séismes ont coûté 800 milliards de dollars — l’essentiel dans les pays développés — et 1.3 millions de vies humaines — l’essentiel dans les pays en développement. Face à ces chiffres, qui ne montrent pas de signe d’inflexion, la conscientisation face au risque continue d’appliquer l’approche classique où les connaissances détenues par les scientifiques sont traduites « vers le bas » pour le public et les décideurs. Une approche inverse, « ascendante », où les citoyens collectent et partagent des informations sur les séismes, pourrait-elle être un modèle alternatif ? 

Notre hypothèse de travail est qu’un mode de diffusion de la connaissance qui place le citoyen ou les communautés au cœur du dispositif de production et d’utilisation de l’information scientifique, peut améliorer la sensibilisation de la population et promouvoir des initiatives de protection. OSMOSE testera cette hypothèse par une expérience de sismologie participative interdisciplinaire en Haïti, pays qui fut le théâtre d'une catastrophe sismique majeure le 12 janvier 2010.

OSMOSE s’appuie sur le projet pilote S2RHAI (CNRS/IRD, 2019-2021), qui utilise des stations sismologiques à faible coût et faible maintenance pour tester si l’implication du public peut améliorer la sensibilisation aux séismes tout en produisant des données utiles aux sismologues. Nous montrons que (1) ces sismomètres sont un excellent complément à un réseau sismique conventionnel, (2) une demande d’informations sur les séismes existe ainsi qu’une fierté de participer à une expérimentation scientifique, et (3) on peut utiliser ces instruments peu coûteux pour établir un dialogue avec les citoyens. Cependant, beaucoup de travail reste à faire pour déterminer les incitations et les barrières qui rendent ce système de suivi et d'information communautaire efficace et durable.

L’objectif général d’OSMOSE est de déterminer les conditions permettant le développement durable d'un système de surveillance et d’information sismique qui responsabilise les parties prenantes en les associant à la chaîne de l’information. In fine, le réseau de surveillance n'est plus seulement un ensemble de sismomètres mais devient un réseau multi-acteurs gravitant autour de ces capteurs et des informations qu'ils fournissent.

Les objectifs spécifiques d'OSMOSE sont de (1) produire des informations sismologiques scientifiquement validées avec des capteurs citoyens faible coût, (2) comprendre les perceptions, les représentations et les besoins dans le contexte socioculturel local, (3) définir une solution de production et de diffusion d’informations en accord avec les besoins des acteurs, et (4) promouvoir l’appropriation locale et la pérennité de ce système d’information multi-acteurs.

OSMOSE atteindra ces objectifs par quatre lots de travaux interconnectés qui (1) amélioreront les informations sismiques en temps réel basées sur des sismomètres citoyens, (2) utiliseront une approche socio-anthropologique pour analyser les perceptions, les besoins et les motivations des hôtes des sismomètres et autres parties prenantes, (3) co-définiront avec les hôtes et les citoyens un système d'information sismique adapté à leurs besoins, et (4) communiquer et éduquer sur la base des résultats des lots de travaux précédents.

À l’intersection des sciences sismologiques et sociales, OSMOSE fera progresser les recherches actuelles sur les sciences citoyennes qui visent à renforcer le lien entre l’environnement et la société, et entre les connaissances fondamentales et l'action opérationnelle.

OSMOSE s’appuie sur (1) une collaboration long terme entre partenaires français et haïtiens, (2) les leçons tirées du projet S2RHAI, (3) un groupe multidisciplinaire travaillant déjà ensemble au sein de SRHAI, et (4) une connaissance intime du contexte local et des conditions de terrain.

PI :

  • Éric Calais (UMR Géoazur / IRD et Ecole Normale Supérieure, 250 rue Albert Einstein, Campus CNRS Azur, 06560 Valbonne, France)
  • avec la participation Géoazur de : T. Monfret, F. Courboulex, B. de Lépinay, J.-P. Ampuero, Q. Bletery, B. Delouis, J. Chèze, F. Peix, J. Balestra, J.-L. Berenguer, P. Sylvert, A. Deschamps, E. Bertrand

Partenaires:

  • Institut de Recherche pour le Développement, Université Côte d’Azur, CNRS, OCA, UMR Géoazur
  • Sciences Po Bordeaux, CNRS, UMR LAM, Bordeaux, France
  • Université paris 1, CNRS, PRODIG, Paris, France
  • Euro-Mediterranean Seismological Center, Arpajon, France
  • URGéo, Faculté des Sciences, Université d’État d’Haïti
  • Faculté des Sciences Humaines et Sociales, Université d’État d’Haïti
  • École Supérieure d’Infotronique, Haïti
  • Bureau des Mines et de l’Énergie, Haïti
  • Collège Catts Pressoir, Port-au-Prince, Haïti

Financement: Agence Nationale pour la Recherche, 2022-2025

Projets partenaires: Laboratoire Mixte International CARIBACT – financé par Institut de Recherche pour le Développement (IRD)

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